Chouchou, au gré de ses souvenirs

Cueillir un instant de vie

Un regard doux et aimant. Et une tendresse débordante pour ceux qu’elle aime. Ses yeux vert émeraude, que faisait ressortir sa chevelure noir de jais, en ont fait chavirer des cœurs. Il faut dire que, dans sa jeunesse, on aurait pu la confondre avec Liz Taylor si la couleur de ses yeux ne l’avait trahie.

Rolande – « Chouchou » pour les intimes, pseudonyme choisi on ne sait comment par l’une de ses cadettes, Nat (ou Bernadette pour l’état civil, la famille ayant un goût immodéré pour les surnoms) – est née le 23 novembre 1953 à Autun, en Bourgogne. Elle est l’aînée d’une fratrie de sept enfants, – quatre filles et trois garçons. Georges, de dix-huit mois son cadet, André, la précitée Bernadette, Serge, Anne-Marie – née onze ans plus tard, tout pile -, et Marie-Claire, qui a vu le jour l’année de ses treize ans.

Devenue grande sœur alors qu’elle portait encore des couches-culottes lavables – non par souci d’écologie mais parce qu’en 1955, les versions jetables n’existaient pas encore -, Rolande s’est vite retrouvée à devoir aider sa maman, Ginette, à la maison. Il fallait être sage, ne pas causer trop de soucis (ça, c’était l’affaire des garçons), et toujours faire de son mieux.

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L’âge adulte

  1. L’année de ses 21 ans. Une année que Chouchou attendait impatiemment. Mais quelle déconvenue lorsque le 5 juillet, le président Giscard d’Estaing, fraîchement élu, décida d’abaisser la majorité à 18 ans ! Elle qui se faisait un malin plaisir à narguer ses frères… Évidemment, ces derniers ne se privèrent pas de lui rendre la pareille quand ils devinrent tous trois majeurs en même temps !

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Amour et déconvenue

C’est lors d’un déplacement pour son travail que Chouchou rencontra Patrick, un cuisinier originaire de Gap, à l’été 1979. Ils tombèrent amoureux, et la jeune femme à l’allure de star de cinéma se projeta facilement dans une vie à deux, loin de Paris. La relation se construisit petit à petit, à distance, nourrie de retrouvailles ponctuelles. Et contre toute attente, alors que les médecins lui avaient laissé entendre qu’elle devait renoncer à la maternité en raison de kystes inquiétants, Chouchou tomba enceinte à la fin du mois de septembre 1980. Dès qu’elle apprit la nouvelle, un bonheur inouï l’envahit et ne la quitta plus jamais. Patrick, en revanche, ne vit pas cet heureux événement du même œil. Il avait 24 ans, Chouchou 26, et comptait encore profiter de la vie sans attache.

Maman

Une sacrée désillusion dont Chouchou se remit en se consacrant entièrement à sa grossesse. Elle arrêta de fumer, prit vingt kilos, et s’adonna à son bonheur grandissant. Ginette ayant eu quelques soucis cardiaques, l’aînée était revenue vivre au domicile parental peu de temps auparavant. C’est donc entourée de sa mère, de son père et de ses trois plus jeunes frères et sœurs qu’elle attendit son bébé.

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Au deuxième trimestre, le gynécologue qui la suivait à la clinique Île-de-France, où Chouchou avait choisi d’accoucher, lui apprit que son bébé se présentait par le siège. Le mystère du sexe demeura jusqu’à l’accouchement, programmé le 18 juin.

Serge l’accompagna en voiture – Chouchou dut se résoudre à arrêter de conduire à sept mois de grossesse, son ventre ne passant plus derrière le volant. Elle prépara sa chambre et les affaires du bébé, enfila sa chemise de nuit rose tendre achetée pour l’occasion et revêtit sa robe de chambre en satin assortie. Elle descendit ensuite au bloc où on lui fit troquer sa tenue d’apparat contre une blouse médicale. Elle reçut sa césarienne sous anesthésie générale, ce qui, à ses yeux, eut l’avantage de la dispenser des contractions. Pour ce qui est des douleurs postopératoires, ce fut une autre histoire.

Elle ne fit la connaissance de sa fille, née à 12h30, que quelques heures plus tard. La sage-femme vint la lui présenter et la posa sur son ventre, encore tout endolori. « 3,350kg et 50 cm d’un bonheur bien au-delà des mots » aime-t-elle répéter à chaque anniversaire.

Et c’est ainsi que je rencontrai pour la première fois ma maman, celle qui ne cessa depuis lors de me prodiguer un amour infini, de m’offrir des souvenirs merveilleux et de me transmettre le goût des histoires.

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